Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 19 mars 2018
Outre-mer

Mayotte : les annonces gouvernementales ne suffisent pas à calmer le jeu

La série de mesures annoncées par le gouvernement, notamment pour lutter contre l’immigration clandestine et l’insécurité à Mayotte n’a visiblement pas suffi pour faire baisser la tension. Le mouvement de contestation populaire qui paralyse l’île depuis plusieurs semaines devrait se durcir à partir d’aujourd’hui avec « un renforcement des barrages ». Plusieurs responsables du mouvement réclament toujours la venue d'un émissaire gouvernemental avec « un mandat pour négocier ». Ce renforcement des barrages vise à empêcher les élèves d'aller en cours, pour la 2e semaine de rentrée des classes, et à empêcher la livraison de denrées alimentaires, ont indiqué les responsables du mouvement.
« En plus des mesures d’urgence et régaliennes, l’Etat doit également s’engager sur des mesures de développement et de rattrapage », ont déclaré vendredi soir l’intersyndicale et le collectif, demandant « l’ouverture immédiate des négociations avec, le cas échéant, des personnes mandatées par le Premier ministre ».
En visite la semaine dernière à Mayotte, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a détaillé l’ensemble des mesures qu’entend prendre le gouvernement dans une lettre adressée aux élus de Mayotte. Le gouvernement prévoit ainsi de « nommer un haut-commissaire en charge de coordonner la lutte contre l'immigration clandestine »  et « d’associer les citoyens à la définition des objectifs et au suivi des résultats de la lutte contre l'immigration clandestine ».
Annick Girardin annonce aussi aux élus le « maintien du plan de sécurisation des établissements et transports scolaires tant que la situation le nécessite », « l’affectation durable à Mayotte du premier escadron de gendarmes mobiles », « l’accentuation de la lutte contre la délivrance d'attestation d'hébergement de complaisance et des reconnaissances abusives de paternité », la fermeture pour un mois, « pour des raisons d'ordre public », du bureau des étrangers de la préfecture, les titres de séjour devant être délivrés sur rendez-vous, et l’ouverture pour un mois, toujours, « pour des raisons d'ordre public »  du guichet du service des impôts sur la base d'un système de rendez-vous. La ministre des Outre-mer annonce également l’envoi de nouveaux effectifs de gendarmerie pour sécuriser l’île ainsi que l’augmentation des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance à 330 000 euros, notamment pour faciliter le développement de la vidéo-protection ou encore le déploiement de la police de sécurité du quotidien à Mayotte.
Le gouvernement a aussi décidé de la création d’un Etat-major opérationnel de la lutte contre l'immigration clandestine, terre et mer, sous la direction d’un haut fonctionnaire, chef d’état-major, l’envoi immédiat d’un navire patrouilleur militaire pour renforcer les capacités de surveillance en haute mer, la création d’un groupe d’enquête interservices contre l'immigration irrégulière. Pour lutter contre cette forme d’immigration, le gouvernement entend aussi s’attaquer aux constructions illégales. Annick Girardin annonce ainsi aux maires « l’engagement immédiat d’un plan de destruction de l’habitat illégal, en priorité dans les zones de risque naturel »  qui les associera « étroitement »  ou encore « l’assouplissement des procédures d’évacuation et de démolition des constructions illégales dans le cadre du projet de loi Elan ».
Ce matin, la ministre des Outre-mer a mis en garde contre « des risques d'affrontements entre communautés »  à Mayotte, où elle a déploré un « durcissement »  du mouvement de contestation, précisant « ne pas savoir »  si le gouvernement accorderait un statut extraterritorial à la maternité. « Il y a aujourd'hui un état tel sur Mayotte qu'il y a des risques d'affrontements entre les communautés. C'est inadmissible, on est dans un Etat de droit », a déclaré Annick Girardin sur Cnews, assurant que Mayotte, 101e département français, « le restera ».
C.N. (Avec AFP)

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